Soleils numériques, festival accès(s) #13, Pau, du 13 au 23 novembre 2013
EDITO
Le festival accès(s) 2013 célèbre l'élément solaire et son influence sur la pensée artistique et technologique. Le Soleil a une symbolique puissante qui de tout temps lui a donné une place de premier ordre en art, et aujourd'hui, avec les technologies solaires, il est devenu plus que jamais un matériau prospectif et de création. accès(s) a donc décidé cette année de sonder les théories et pratiques artistiques technologiques qui sont liées à la lumière naturelle solaire. La programmation se décline en plusieurs champs de recherche : symbolisme du Soleil, cosmologie, photographie numérique, amplification de la lumière, mondes virtuels, technologie photovoltaïque, photosynthèse et bio-art, architecture et physiologie de la lumière, etc. De multiples représentations artistiques du Soleil comme point nodal de notre relation au monde !
Depuis l’Antiquité les philosophes s’interrogent sur le rapport physiologique et optique que l’on entretient avec la lumière pour rendre visible le monde qui nous entoure. Mais quels sont aujourd'hui les rapports entre les environnements technologiques numériques et la lumière solaire naturelle ? Une installation interactive de Marie-Julie Bourgeois à la Médiathèque nous permettra d'appréhender la représentation du Soleil dans l'univers du jeu vidéo. L'artiste marseillaise Luce Moreau nous questionnera elle sur les limites des systèmes de captation numérique en regard de la puissance de l'énergie solaire.
L'héliocentrisme est la théorie physique qui a chassé le dogme médiéval du géocentrisme. Avec les travaux de Copernic, Kepler et Galilée ce n'est plus la Terre qui est au centre de notre monde mais bien le Soleil. Les installations Constance (projection laser monumentale), Volta de Luce Moreau et Héliocentric de Semiconductor nous donneront à sentir cette perception héliocentrique, des lectures poétiques d'un Soleil point fixe et d'une planète en rotation.
1913 est l'année de la première proposition en Égypte de centrale d'énergie solaire et 1914 voit apparaître la production des premières cellules photovoltaïques pour les posemètres de la photographie même s'il faudra tout de même 40 ans pour qu'en 1954 elles deviennent viables pour la production d'électricité. L'installation N°1 Sun Engine des artistes suisses Christina Hemauer et Roman Keller nous racontera l'histoire d'une direction qui aurait pu être prise bien plus tôt.
Plus récemment, de nombreux penseurs questionnent la disparition progressive de la notion de nuit et l’existence d’un second jour artificiel lié à une activité humaine toujours plus intense: à l’image d’Internet, notre monde globalisé s'affranchit des fuseaux horaires et de la course du soleil. Les architectes climatiques du studio Fabric|ch imaginent pour le Pavillon de l’architecture, une transcription lumineuse de l'activité qui anime nos réseaux de communication.
Aujourd'hui, dans le champ de la biologie on recense de multiples expériences de manipulations génétiques du vivant, visant à « améliorer » l’homme de demain. Alors que la photosynthèse et l'autotrophie, la capacité qu'ont certains organismes à ne vivre que d'eau et de lumière, inspirent un devenir-végétal à l'humanité, des artistes questionnent de manière critique les techno-sciences de la vie. Au croisement des arts technologiques et de la biologie, les slovènes Špela Petrič et Robertina Šebjanič, proposent un dialogue entre art, éthique du vivant et métaphysique autour d’une installation et de rencontres.
Si la lumière du Soleil est le fil rouge de l'édition 2013 du festival accès(s), comment la contextualiser dans une ambiance nocturne ? L'installation Surmonde prismatique déclinera pendant 3 jours une réflexion sur la fantasmagorie comme origine du spectacle multimédia total, sur l'art cinétique, le prisme et l'amplification laser de la lumière. Elle ouvrira au public une jungle brumeuse, cristalline et spectrale, une porte vers le surmonde parallèle de l'étrangeté végétale et solaire autour de projections, de performances et de concerts d’inspiration cosmique et chamanique.
Enfin, si accès(s) tente cette année la conquête du Soleil, c’est aussi car 2013 marque le centenaire de la première performance transmédia de l’histoire. Intitulé Victoire sur le Soleil, ce spectacle futuriste Russe associant peinture, poésie et musique nous donnera l’occasion d’opérer une relecture de 100 ans d'expérimentations transmédia.
— Ewen Chardronnet, en collaboration avec Nicolas Maigret et Bertrand Grimault