Article publié dans Effervesciences N°54, septembre-octobre 2007
Détection longue distance et dissuasion nucléaire
RADARS : LES GRANDES MANOEUVRES ?
Le dernier sommet du G8 a été marqué par la colère de la Russie concernant l'accord signé entre les USA, la Pologne et la République Tchèque pour l'implantation au coeur de l'Europe de têtes nucléaires et d'un radar dernier cri de détection de missiles balistiques intercontinentaux. George W. Bush a invoqué la possibilité d'une menace nucléaire iranienne pour justifier cette implantation. Mais ce n'est qu'un élément du nouveau puzzle géostratégique mis en place par les USA depuis 2001. Retour sur la technologie clé du radar longue distance.
Le 13 décembre 2001, nouvelle donne post - 11 septembre oblige, les Etats-Unis notifient leur sortie du traité ABM (Anti-Ballistic Missile) de 1972. Le traité avait été signé à l'époque pour limiter la course aux missiles nucléaires intercontinentaux et avait permis d'ouvrir une période que l'on qualifia de « détente » entre les deux blocs de la Guerre Froide. Se retirant du traité, les USA mettaient ainsi fin à trente années d'équilibre dans la dissuasion nucléaire au nom de la « guerre contre la terreur ». Ils prenaient également acte de la recomposition de la région Eurasiatique mais surtout s'autorisaient au redéploiement de leurs forces nucléaires et de leurs systèmes de détection.
Un an plus tard, le 16 décembre 2002, George W. Bush signa le plan pour de nouveaux systèmes opérationnels de défense NMD (National Missile Defense) à l'horizon 2004, et évoquait déjà l'intérêt porté sur leurs territoires, auprès des délégations polonaise, tchèque et hongroise lors du sommet de l'OTAN de 2002. La surprise n'était donc pas tout à fait totale pour les experts en dissuasion nucléaire lorsqu'en janvier 2007 les Etats-Unis transmirent la demande officielle d'installation de sites. Malgré les protestations russes « d'alimenter la course à l'armement », le 28 mars 2007, la République tchèque donnait son feu vert à l’ouverture de négociations avec les Etats-Unis sur l’installation d’un radar près de Prague. Le bouclier antimissile que les Etats-Unis veulent installer en Europe centrale à l’horizon 2012 comprend dix missiles intercepteurs déployés en Pologne et un radar ultra-perfectionné en République Tchèque. (1)
Cette situation, véritable événement sans précédent d'implantation au coeur de l'Union Européenne, ne manqua pas de susciter de vives réactions, particulièrement en Allemagne, située à mi-chemin entre les deux zones envisagées. En France la nouvelle passa relativement inaperçu, du fait de la campagne électorale qui allait porter au pouvoir un Atlantisme supposé dépasser les clivages traditionnels. Les radars de détection longue distance se limitaient jusque là au site de Fylingdales dans le nord de l'Angleterre et au site de Vardo dans l'extrême-nord de la Norvège. Mais l'Iran restait hors porté de ces radars. Revenons un peu sur l'histoire de cette technologie et des implantations successives de ces monuments de l'ère nucléaire.
Alerte Précoce
La Seconde Guerre Mondiale a permis un développement rapide de la technologie radar, dans les airs ou sur les mers. Ainsi, en 1945, la technologie du radar marine (détection d'obstacle sur l'eau) est rapidement transférée vers le civil et équipe aujourd'hui tous les bateaux de tourisme. Mais pour la question des airs, c'est une autre affaire. En jeu, les missiles longue distance et la preuve par les faits du pouvoir de destruction de la bombe A. Le concept de bouclier anti-missile balistique va ainsi prendre forme : radars de détection précoce et missiles anti-missiles de destruction en vol des têtes nucléaires ennemies.
Dans les années cinquante, deux objectifs primordiaux vont définir la première génération d'armures anti-nucléaire : la contruction d'une barrière de détection précoce des missiles balistiques trans-polaires et la synchronisation informatique centralisée des dispositifs de détection radar. En effet, les missiles nucléaires longue portée, s'ils ne peuvent franchir l'Atlantique, peuvent tout de même atteindre leurs cibles en passant au dessus du Pôle Nord. Cette menace est prise très au sérieux par les Américains et les Soviétiques et la course à l'armement anti-missile est lancée entre les deux blocs.
Les USA enregistrent un premier succès de synchronisation informatique avec le système SAGE (Semi-Automatic Ground Environment) qui est mis en service à partir de 1951. La machine reliée à 50 écrans communiquait avec une centaine de radars sur la Pinetree Line Canadienne (2) et pouvait suivre 400 avions (3).
La portée des systèmes de détection radar va s'accroître d'année en année et à la fin des années cinquante le système BMEWS (Balistic Missile Early Warning System) de détection précoce de missiles balistiques dès leur sortie de l'espace aérien soviétique est opérationnel. Le BMEWS (4) est le déploiement de trois bases géantes de détection radar longue portée (environ 4500 km) : Fylingdales Moore en Angleterre ; Thule au Groenland ; Clear en Alaska. Ces bases vont enserrer le pôle Nord pour surveiller la menace balistique trans-polaire soviétique. Elles sont toujours aujourd'hui un élément clé du dispositif américain.
La « niche » et le « poulailler »
De leur côté, les soviétiques déploient et testent à partir de 1959 différents systèmes de radars de détection satellite et de radars longue portée : Dunai-2 au Kazakhstan (ouest du Lac Balkhash) et Dnestr en Sibérie (Angarsk) et au Kazakhstan. Tous les radars ABM soviétiques porteront le nom de fleuves de l'Union. Testé avec succès le système ouvre la construction à partir de 1962 d’une base pour protéger Moscou sous le nom de A-35 ou Dog House (la « niche » selon la dénomination imaginative de l'OTAN) (5). De 1963 à 1969, deux radars Dnestr-M de détection Anti-Missile Balistique (ABM-1) sont installés sur le front trans-polaire Nord-Atlantique à Olenegorsk (près de Mourmansk) et Skrunda (Lettonie). En 1969 le projet EKVATOR va synchroniser le système ABM-1 soviétique. L’OTAN définira cette armure naissante du nom de Hen House (le poulailler) (6).
Traité de non-prolifération
A la fin des années soixante, les deux réseaux synchronisés de détection précoce des missiles au dessus de la zone polaire nord sont opérationnels. Mais la crise des missiles à Cuba fait prendre conscience de l'impuissance face à une menace courte distance.
De plus, l'augmentation de la portée et de la vitesse des missiles confirme la fragilité de la protection territoriale aux frontières directes et de la détection trans-polaire. Le délai de préavis d’attaque est passé de 15 minutes à 2 minutes en dix ans. Cette situation va entraîner la prolifération des missiles anti-missiles à la fin des années soixante et conduira l’URSS et les USA à signer le traité ABM (Anti-Balistic Missiles) en 1972, ouvrant une période de « détente ». Le traité limite le nombre de missiles anti-missiles. Il autorise la construction de l’armure radar mais limite son développement aux capitales et aux frontières. (7)
Derrière ce traité, la période de « détente » va donc constituer le temps nécessaire pour la construction d'une deuxième génération de systèmes (ABM-2) pour une protection complète du territoire.
Protection complète du territoire
A partir de 1975, les USA construisent le système PAVE PAWS (Phased Array Warning System) de seconde alerte territoriale. Au système BMEWS d’interception des missiles trans-polaires, s’ajoutent les bases de Cape Cod (Massachusetts), Robins (Géorgie), Eldorado (Texas) et Beale (Californie), pour l’interception des missiles trans-océaniques. Les deux systèmes sont centralisés à la base de Cheyenne Mountain (Colorado). (8)
Du côté soviétique, deux radar Dnestr deviennent opérationnels à partir de 1973 à Mishelevka (Irkutsk) et Balkhash (Kazakhstan), mais l'année voit surtout le test du premier radar de type Dnepr qui va s'installer à Balkhash. Il inaugure avec succès une nouvelle génération de radars. Des travaux de construction de radars Dnepr sont confirmés à Skrunda (Lettonie), Mukachevo (Ukraine), Sevastopol (Ukraine), Mishelevka, et Balkhash. A partir de 1978 les radars de Sevastopol et Mukachevo sont opérationnels. L’armure de protection ABM-2 Hen House est alors complète. Reste la partie Est du continent (est du fleuve Lena). Mais cette région désertique est alors trop lointaine pour la menace balistique américaine. Mais, en 1977, les USA ouvrent le radar Cobra Dane, localisé sur la base Eareckson de l’Ile de Shemya dans la Mer de Bering. Cobra Dane sera conçu comme un radar d’espionnage avancé du bouclier, capable de collecter des données sur les lancements-tests de missiles soviétiques dans le Kamchatka et l’Océan Pacifique. (9)
Seconde Guerre Froide
Dans les couloirs du Pentagone on parle alors de la doctrine MAD (Destruction Mutuelle Assurée), c'est la fin de la « détente », l'Iran et le Nicaragua ont connu leur révolution, Tatcher et Reagan ont été élus, l'URSS a envahi l'Afghanistan. Le 23 mars 1983, Ronald Reagan et les néo-conservateurs lancent la Strategic Defense Initiative (SDI) connue aussi sous le nom de « Star Wars ». La SDI a notamment pour objectif de dynamiser l’économie « vaudou » américaine (selon les mots de George H.W. Bush, alors Vice-Président, qui voit d'un mauvais oeil le fait de dynamiser l'économie par l'armement) et d’asphyxier l’investissement militaire soviétique dans ce que l’on appelle la « Seconde Guerre Froide ».
En 1984, les systèmes radars émetteurs/récepteurs soviétiques de type Daryal, nouvelle génération rivalisant avec les radars Pave Paws américains, sont opérationnels à Pechora (Sibérie) et Gabala (Azerbaïdjan). Ils vont compléter le Hen House. Une version spécifique, le radar Volga, commencera à être construit à Baranovichi en Biélorussie, en réponse au déploiement des missiles Pershing en Allemagne de l'Ouest. En contraste avec les Dnepr qui avaient une précision du mètre, les Daryal et Volga vont affiner au décimètre près. D'autres constructions de Daryal seront entamées, mais bon nombre n'entreront jamais en activité (comme à Skrunda en Lettonie). En 1989, les soviétiques reconnaîtront l’existence du radar Daryal de Krasnoyarsk qui enfreignait le traité ABM de 1972. Le traité stipulait qu'aucun radar ABM ne devait être construit à plus de 150 kilomètres des frontières du pays et qu’ils devaient être dirigé vers l’extérieur. Or Krasnoyarsk se situe en Sibérie centrale à plus de 800 km de toute frontière. Le radar sera démantelé progressivement de 1989 à 1991 (10). Malgré cette déconvenue et avant la chute du régime, l'URSS achèvera la forteresse ABM-3 de défense de Moscou, comprenant notamment un radar de type Don, une pyramide tronquée de 100 m de base et 45 m de hauteur.
Redistribution des cartes
Après le démantelement de l'URSS, le gouvernement letton imposera dans les années 90 un arrêt des activités à Skrunda, pour raison stratégique (rapprochement de l’OTAN) et par obligation de prendre en compte les rumeurs inquiétantes d'irradiation des populations vivant à proximité (11). Les attributions du radar de Skrunda seront reprises en partie à la fin des années 90 par le radar Volga de Baranovichi, Minsk ayant de meilleures relations avec Moscou. Celui-ci avait mis plus de quinze avant de devenir véritablement opérationnel et stratégiquement au niveau. Il a été depuis progressivement mis à jour. (12)
Enfin, le prototype de nouveau radar stratégique type Voronezh, installé depuis 2006 près de Lejtusi, près de Saint-Petersbourg, va permettre de complètement fermer la cavité qu'avait laissé la démolition du radar de Skundra. Un autre Vononezh est actuellement en projet à Armavir dans le sud de la Russie, pour prévenir les incertitudes liées à ses partenaires Ukrainien et Azerbaïdjanais. (13)
Aux USA, la « Star Wars » sera mise de côté mais les installations BMEWS et Pave Paws subiront dans les années 90 des mises à jour successives pour en faire le système de détection considéré comme le plus infranchissable aujourd'hui. Les sites situés sur le territoire américain (OTH-B, Pave Paws) recentreront notablement leurs actions sur l'Amérique du Sud et la « guerre contre la drogue ».
Radars X-band
A partir de 1995, les USA vont développé un radar de nouvelle génération opérant dans la bande X (X-Band Radar, XBR) capable de détecter des débris de moins de 10 cms. Le premier prototype portant le nom de Have Stare sera testé sur la base de l'Air Force de Vandenberg en Californie, puis déplacé sur le site de Vardo dans le nord de la Norvège en 1998. Le radar a pour fonction de surveiller les débris orbitaux mais également les essais de missiles russes dans la zone polaire Nord-Atlantique. (14)
En 2006, le premier radar Sea-based XBR sort des chantiers navaux texans. Il s'agit d'un XBR positionné sur une sorte de plateforme pétrolière mobile et pouvant se déplacer dans des zones stratégiques. Ainsi le XBR mobile a été envoyé sur la base de Misawa au Japon pour dissuader et contrôler l’espace aérien de la Corée du Nord, où encore dans la mer de Bering pour surveiller les tests de missiles russes. (15)
Le radar qu'envisagent les américains en République Tchèque serait celui de l'atoll Kwajalein (Îles Marshall), un modèle XBR très perfectionné capable de guider les missiles intercepteurs qui seraient installés en Pologne. (16)
Domination Totale du Spectre
La nouvelle doctrine militaire de « Full spectrum Dominance » vise la supériorité sur l’ensemble des menaces du Nouveau Désordre Mondial : air, terre, ciel, spectre électromagnétique et information. La préservation de la supériorité implique la mise en place d’un environnement de communication continu du sub-surface à l’outre-espace. Les radars ABM de détection précoce sont un élément clé de ce dispositif et les nouveaux réseaux programmés en Europe (Pologne, République Tchèque) et en Asie (Japon, Australie) font parti des plans à l'horizon 2020. (17) Mais le projet asiatique ne vient qu'en second sur la liste des priorités américaines, l'enjeu étant de ne pas contrarier pour le moment la Chine et le radar XBR mobile permet de retarder les projets. (18)
Bouclier Commun ?
Lors du G8, Vladimir Poutine a fait la proposition de faire bouclier commun face au Moyen-Orient et l'Iran en utilisant leurs installations de Gabala en Azerbaïdjan, mais cela semble relever de manoeuvres dillatoires. Le radar Daryal de Gabala est selon Moscou un des plus perfectionné du système russe, construit à partir de 1985 et avec une portée de 8000 kilomètres. Cependant à Bakou, on murmure de plus en plus fort qu'à partir de 2012 l'Azerbaïdjan renoncerait à louer à la Russie son radar. Celui-ci fait l'objet d'enquête pour irradiation des environs depuis 2005 (comme en Lettonie) mais surtout il est incompatible avec les systèmes de gestion antimissile américains, et les Etats-Unis ne vont pas le reconstruire pour l'adapter à leurs intérêts. Le radar de Gabala, comme celui prévu à Armavir, ne pourront pas assurer le guidage des missiles polonais et ils ont le facheux inconvénient de pouvoir tout observer, sauf la Russie.
Vladimir Poutine est donc dans une situation délicate et en a pris acte en avril 2007 en annonçant un moratoire sur l'application du Traité FCE (traité sur les Forces Conventionnelles en Europe) qui avait été signé à Paris le 19 novembre 1990, entre 22 représentants des Etats de l'OTAN et du Pacte de Varsovie, puis par les anciens états de l'ex-URSS. La situation est en effet critique pour la Russie, bon nombre de ses radars se trouvent à l'extérieur de son territoire (Biélorussie, Azerbaïdjan, Ukraine) et elle craint que cette situation et l'indépendance du Kosovo ne serve de précédent dans l'hinterland des petits territoires euro-asiatiques de Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud, etc. De plus Moscou ne se sent pas à l'abri de révolutions oranges où elle aurait beaucoup à perdre au niveau géostratégique, et en premier lieu en ce qui concerne son système ABM. (19)
Les Américains et les Russes rejouent donc pour le moment le vieux schéma de Guerre Froide, ce qui a tendance à ne pas faciliter la relance de l'Union Européenne. Reste que la discussion géostratégique entre Russie et USA concerne la protection ABM contre une menace nucléaire moyen-orientale à l'horizon 2020 et Mahmoud Ahmadinejad ne s'y ai pas trompé en qualifiant le 16 août 2007 le projet de bouclier de « menace pour tout le contient eurasien et les pays membres de L'Organisation de Coopération de Shangai (OCS) » (Russie, Chine, Kazakhstan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Inde, Pakistan, Iran et Mongolie comme observateurs). Un système américain installé au coeur de l'Europe positionnerait de facto l'Europe comme territoire sous protection des USA, comme un renforcement d'une position en Azerbaïdjan à la frontière iranienne risquerait d'embraser encore un peu plus la région déjà instable qui va de la Tchétchénie au Kurdistan Irakien (20).
Et la France dans tout ça ?
L'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy coincide avec le début des opérations d'un système radar de pointe de surveillance de l'espace orbital, le GRAVES (« Grand Réseau Adapté à la VEille Spatiale »), installé sur deux points du territoire : le système d'émission à Broye-les-Pesmes en Bourgogne et le système de réception sur l'ancien site des silos nucléaires du Plateau d'Albion dans les Alpes-de-Haute-Provence. La France disposait déjà depuis 2005 du radar transhorizon révolutionnaire Nostradamus (situé près de Dreux) qui permet de détecter des objets jusqu'à 2000 kilomètres sur un rayon de 360 degrés et qui constitue donc un bouclier d'alerte secondaire efficace pour le territoire français (21). Mais le lancement officiel du GRAVES au dernier salon du Bourget vient positionner la France comme interlocuteur essentiel de la « Domination Totale du Spectre », car jusque là seuls les Etats-Unis et la Russie disposaient de systèmes de ce type. Qui plus est, lors de son lancement, le jeu d’échec du renseignement spatial a pris une toute autre tournure avec l'annonce de la détection d'une trentaine de satellites de l’armée américaine gravitant sur orbite dite « basse » autour de la Terre et ne figurant pas dans le catalogue officiel du Pentagone. Autrement dit, des satellites espions (22). A n'en pas douter, la technologie développé par les ingénieurs de l'Office national d'études et recherches aérospatiales (Onera) devrait permettre à la France de peser dans les plans américains d'extension du bouclier atlantiste.
1)http://www.geopolitique.net/article.php3?id_article=209
« Des balkans occidentaux aux confins européens : la dialectique Russie – Union européenne », Jean-Sylvestre Mongrenier, 20 juin 2007, Institut Français de Géopolitique.
2)http://www.pinetreeline.org
3)http://en.wikipedia.org/wiki/Semi_Automatic_Ground_Environment
4)http://www.globalsecurity.org/space/systems/bmews.htm
5)http://www.wonderland.org.nz/a-35.htm
6)http://www.globalsecurity.org/wmd/world/russia/hen-house.htm
7)http://www.fas.org/nuke/control/abmt/
8)http://www.fas.org/spp/military/program/track/pavepaws.htm
9)http://www.fas.org/spp/military/program/track/cobra_dane.htm
10)http://warfare.ru/?linkid=2325&catid=325
11)http://www.letton.ch/lvskrund.htm
12)http://www.globalsecurity.org/wmd/world/russia/baranovichi.htm
13)http://red-stars.org/forum/viewthread.php?tid=21
14)http://www.fas.org/spp/military/program/track/havestare.htm
15)http://www.strategypage.com/military_photos/200621221.aspx
16)http://www.yokwe.net/index.php?name=News&file=article&sid=1708
17)http://www.defenselink.mil/news/newsarticle.aspx?id=45289
18)http://fr.rian.ru/world/20070605/66725207.html
19)http://www.obsarm.org/obsnuc/traites-et-conventions/francais/traite-fce.htm
20)http://fr.rian.ru/world/20070816/71835738.html
21)http://www.onera.fr/photos/instexp/nostradamus.php
22)http://www.intelink.info/fre/actualites/defense/0707301035_coup_de_maitre_de_la_dgse_contre_les_satellites_americains
ENCADRE 1
A l'origine de la technologie Radar
Le radar est un système qui utilise les ondes radio pour détecter et déterminer la distance et/ou la vitesse d'objets éloignés. Un émetteur envoie des ondes radio, qui sont réfléchies par la cible et détectées par un récepteur, souvent situé au même endroit que l'émetteur. La position est estimée grâce au temps de retour du signal et la vitesse est mesurée à partir du changement de fréquence du signal par effet Doppler. Le radar est utilisé dans de nombreux contextes : en météorologie, pour le contrôle du trafic aérien, pour la surveillance du trafic routier, par les militaires, en astronautique, etc. Le mot lui-même est un néologisme provenant de l'acronyme anglais : RAdio Detection And Ranging, que l'on peut traduire par « détection et estimation de la distance par ondes radio » ou plus simplement « radiorepérage ». (1)
Découverte en 1900 et définie théoriquement en 1917 par Nikola Tesla (2), la technologie radar sera déposée en 1935 par Robert Watson-Watt (3), brevet qui le fit considérer comme l’inventeur « officiel » du radar. La Défense Britannique fera alors la première commande de la construction, tout au long de leur côte est, d'un réseau de radars qui portera le nom de code « Chain home » (4) et qui sera déterminant au moment de la bataille d'Angleterre en 1940. L'Allemagne nazie développera à partir de 1937 le radar Freya (5), plus performant que le système Chain Home, mais aussi plus coûteux, ce qui empêchera un déploiement efficace avant le début de la guerre. Malgré les opérations menées de mai à août 1939, le ballon dirigeable allemand Zeppelin LZ130 ne parviendra pas à prouver que les tours de 100 mètres de haut édifiées par les Brittaniques de Portsmouth à Scapa Flow étaient liées à des opérations radar et en concluera qu'elles formaient plutôt un réseau de radiocommunications et sauvetage navals. Les Brittaniques restèrent silencieux au passage du Zeppelin... Il est dit que ce supposé avantage technologique que croyaient avoir les Allemands les confirma dans l'invasion de la Pologne le 1er septembre 1939... (6)
1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Radar
2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Nikola_Tesla
3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Watson-Watt
4) http://fr.wikipedia.org/wiki/Chain_home
5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Radar_Freya
6) « The Hunt for Zero Point », Nick Cook, Century, 2001
ENCADRE 2
Les radars OTH et le signal « Woodpecker »
A partir du début des années 70 les USA entamèrent le développement d'un système de radars OTH-B, Over-the-Horizon Backscatter (1), ou encore transhorizon en français, et qui est aujourd'hui considéré comme le système radar le plus grand au monde.
Généralement, les ondes radio ont tendance à voyager en ligne droite. Ce qui limite la portée de détection des systèmes radars à des objets dans leur horizon visuel à cause de la rotondité de la Terre. Les radars transhorizons utilisent la réflexion sur la ionosphère des ondes courtes (HF), seule partie du spectre électromagnétique présentant ces caractéristiques, entre 3 et 30 MHz. Cette technique leur permet d'atteindre des distances bien plus grandes, au-delà de l'horizon, pour les détections d’avions ou missiles. Comme le sol et la mer vont également refléter ces signaux, on utilise généralement l'effet Doppler pour distinguer les « cibles » du bruit de fond. L'effet Doppler est le décalage entre la fréquence de l'onde émise et de l'onde reçue lorsque l'émetteur et le récepteur sont en mouvement l'un par rapport à l'autre ; il apparaît aussi lorsque l'onde se réfléchit sur un objet en mouvement par rapport à l'émetteur ou au récepteur. L'effet est ainsi utilisé pour calculer la vitesse de déplacement des objets (2). La France opère également un radar transhorizon depuis 2005, le Nostradamus situé près de Dreux.
L'URSS mit également en place un système de radars transhorizons à partir de 1976. Mais ceux-ci restèrent longtemps secrets. Mais un signal HF claquant et répétitif fut largement identifié par les radioamateurs dès le début des activités OTH soviétiques. On lui attribua pour cette raison le nom de signal « Woodpecker » pour sa similarité avec le claquement du pivert. L'OTAN était largement consciente que ce signal pouvait venir de radars OTH non-officiels du réseau ABM soviétique et le nomma quant à elle « Steel Yard ». Une triangulation permit de le situer en Ukraine, quoique des erreurs de mesures entraînèrent différentes interprétations quant à son origine. Pendant de nombreuses années, les incertitudes resteront fortes dans le civil quant à l'origine de ce signal ce qui encouragea les radioamateurs à émettre des explications spéculatives de systèmes pour le contrôle climatique, d'armes à ondes scalaires ou encore de tentatives de contrôle à distance des esprits (mind control). Sa quasi-disparition à partir de 1986 laissa également planer les doutes pour de nombreuses années encore.
Aujourd'hui il est largement démontré que les radars OTH soviétiques était situés à Komsomolsk-Sur-Amour en Sibérie extrême-orientale et surtout à Chernobyl (émetteur) et près de Gomel (récepteur), tous les deux dans la zone de contamination de la catastrophe nucléaire. La situation de l'immense émetteur (plus de 200 mètres de long pour 100 mètres de haut) à quelques kilomètres de la centrale expliquent peut-être pourquoi les russes et ukrainiens restèrent on ne peut plus discrets sur l'origine du signal « Woodpecker »... Le radar OTH de Chernobyl cessa en effet ses activités lors de la catastrophe nucléaire. De nouvelles théories spéculatives posent aujourd'hui la question de savoir si c'est la centrale nucléaire qui provoqua l'arrêt du radar OTH ou bien l'inverse...(3)
1)http://www.globalsecurity.org/wmd/systems/an-fps-118.htm
2)http://en.wikipedia.org/wiki/Over-the-horizon_radar
3)http://en.wikipedia.org/wiki/Russian_Woodpecker